La diversité est un terme à l’identité malheureuse. À l’origine, il est synonyme de pluralité et de variété. Diversité des paysages et des lieux, diversité des peuples et des cultures, diversité des espèces. D’où vient la diversité ? De l’imperfection du monde. Bienheureuse imperfection qui est aussi cause de la plus grande richesse de l’humanité, car un monde parfait serait d’une désolante uniformité !
La reconnaissance de la diversité culturelle a cependant été longue à s’imposer.
L’ethnocentrisme occidental n’a cessé de se référer à une nature humaine universelle qui se confondait avec ses valeurs propres, légitimant du même coup la dévaluation des cultures autres, dès lors déclarées « inférieures », « barbares » ou « retardataires ». D’où l’idéal de l’assimilationnisme.
Tout à l’opposé, le relativisme culturel a débouché sur le multiculturalisme qui, sous ses formes exacerbées, remet en cause l’existence du bien commun. L’antiracisme, enfin, a pris souvent la forme d’une exaltation de toutes les formes d’hybridation et de mélange, censée déboucher sur la fusion de l’humanité et l’ultime indistinction de l’espèce, qui n’a que l’inconvénient de faire disparaître les différences qu’elle prétend respecter.
Mais à partir des années 2000, la diversité telle qu’on l’avait toujours comprise a cédé la place à la « diversité d’origine » pour désigner des personnes issues de l’immigration extra-européenne censées donner un nouveau visage au corps social. Faire place à la diversité, c’est désormais déconstruire les anciennes identités acquises et modelées au fil des siècles pour y substituer une sorte de caravansérail. On s’ouvre au monde, comme chacun le sait, en tolérant des pratiques qui reviennent à faire sécession de la société où l’on vit, à se soustraire à toute forme de commun au sein de l’espace public.
La politique « diversitaire » revient dès lors à encourager toutes les formes de déstructuration du corps social, à institutionnaliser n’importe quelle forme de désir, à reconnaître et promouvoir n’importe quelle déviance. Il s’agit d’encourager les droits des individus pour mieux faire disparaître, sous leur poussée, l’inestimable pluralité des peuples.
L’individualisme est ainsi promu au détriment de la singularité collective, assimilée à un « repli identitaire ». L’humanité se présentait autrefois comme un ensemble hétérogène de peuples relativement homogènes, on veut aujourd’hui en faire un ensemble homogène de peuples radicalement hétérogènes.
On se soucie beaucoup des menaces qui pèsent aujourd’hui sur la biodiversité. Il serait temps d’étendre cette préoccupation à la diversité des peuples, ainsi qu’à celle des langues et des cultures qui leur sont associées.
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Au sommaire du n°169 d’éléments
Dossier
Libéral, réactionnaire, populiste ?
La Nouvelle vague du conservatisme
• Les équivoques du conservatisme, par Alain de Benoist
• Pourquoi je ne suis pas conservateur, par David L’Epée
• Quand le socialisme était conservateur, par Thibault Isabel
• Les points de vue de Guillaume Bernard, Mathieu Bock-Côté, Christophe Boutin, Jacques Dewitte, Frédéric Rouvillois, Eric Zemmour…
Et aussi…
• Un entretien exclusif avec Matthew B. Crawford
• Marseille : explosion d’un laboratoire multiculturel, par Jean-Paul Brighelli
• Ecole : les neurosciences contre les pédagogistes, par Yves Christen
• Le bel avenir du nucléaire, entretien avec François Géré
• Le crépuscule de la chasse
• Film : Patrick Buisson rend hommage aux anarchistes-conservateurs
• Le romantisme fasciste vu par Paul Sérant
• Les trésors de Matulu, etc.