Entretien publié sur Boulevard Voltaire
Il y quelque temps que Boulevard Voltaire n’a pas publié d’entretien avec vous. J’aimerais vous poser des questions rapides sur un certain nombre d’événements récents. Et, d’abord, l’incendie de Notre-Dame de Paris.
Notre-Dame en flammes, frappée au chœur, c’est l’image même de la chrétienté d’aujourd’hui. Que dire de plus qui n’ait déjà été dit ? Je pense à Dominique Venner et je relis Péguy.
La fin du « grand débat » et la conférence de presse d’Emmanuel Macron, qui n’a semble-t-il pas convaincu deux Français sur trois ?
Le chef de l’État a eu tort de prendre les Français pour des mougeons (moitié moutons, moitié pigeons). Micron, démission !
Le mouvement des gilets jaunes, dont on assure régulièrement qu’il est « en train de s’essouffler » et qu’il donne lieu à des « violences inacceptables » ?
Un mouvement pacifique et « bon enfant » n’aurait pas obtenu le dixième de ce que les gilets jaunes ont obtenu – même si aucune de leurs revendications essentielles n’a encore été satisfaite. La violence (je ne parle pas de celle des « casseurs » professionnels) est parfois la seule façon de se faire entendre. Le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille n’a pas non plus été une promenade de santé ! Relisez les Réflexions sur la violence de Georges Sorel. Cette violence populaire est, de toute façon, peu de choses comparée à la violence systémique des prédateurs en col blanc, des assassins de l’identité, des destructeurs d’acquis sociaux et des maîtres du profit. Quant à l’essoufflement des gilets jaunes, ce ne sera, dans le meilleur des cas, qu’une pause avant les prochaines batailles. Partout en Europe, les classes moyennes sont en voie de disparition et les peuples n’en finissent plus de subir les conséquences des politiques d’austérité. Dans notre société en forme de sablier, la richesse s’accumule en haut de plus en plus tandis que la pauvreté et la précarité augmentent régulièrement en bas. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on se dirige vers une révolte sociale généralisée.
Le lanceur d’alerte Julian Assange livré par l’Équateur aux autorités anglaises qui l’ont déjà condamné à un an de prison, tandis que les Américains ont lancé un mandat d’arrêt contre lui ?
Les États-Unis ont acheté Assange pour 10,2 milliards de dollars de crédits par l’intermédiaire du Fonds monétaire international (FMI). Un pays digne de ce nom aurait immédiatement donné asile au fondateur de WikiLeaks. Comme les autres obligés de la Maison-Blanche, la France s’en est, évidemment, abstenue. Elle a d’autres demandes d’asile à traiter…
La situation qui se dégrade au Venezuela et la reconnaissance par la « communauté internationale » de Juan Guaidó comme président autoproclamé de ce pays en lieu et place de Nicolás Maduro, pourtant deux fois élu président ?
Maduro a une belle moustache de révolutionnaire mexicain, mais il est sûr qu’il n’a ni le charisme ni les talents de Hugo Chávez. Cela dit, il est encore plus certain que les États-Unis ont fait et continuent de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour ruiner et surtout contrôler le Venezuela, pays qui dispose des plus importantes réserves d’hydrocarbures de la planète. Toute la question est de savoir si les Américains se lanceront dans une guerre pour imposer le très libéral Juan Guaidó, putschiste en costume trois-pièces qui devrait être depuis longtemps en prison. Emmanuel Macron a conseillé à Maduro de démissionner pour céder aux « pressions de la rue ». Maduro aurait pu lui répondre que, confronté depuis six mois à la colère du peuple français – tout comme le gang Bouteflika à celle du peuple algérien –, il n’a qu’à donner l’exemple lui-même.
Les nouvelles sanctions économiques décrétées par Donald Trump, non seulement contre Caracas et Moscou, mais aussi La Havane et Téhéran ?
Ce sont autant d’actes de guerre dirigés contre les sociétés commerciales françaises et européennes qui commerçaient en dollars avec le Venezuela, Cuba ou l’Iran, ou y ont fait des investissements, et qui sont maintenant tenues de s’aligner sur les diktats de Washington au nom de l’invraisemblable principe d’extraterritorialité du droit américain. En matière de politique étrangère, l’unilatéralisme trumpien s’avère chaque jour plus détestable.
L’interminable feuilleton du Brexit : la Grande-Bretagne va-t-elle, ou non, sortir de l’Europe ?
De Gaulle avait raison : pour commencer, elle n’aurait jamais dû y entrer.
Le pape François embarrassé face au scandale des agressions pédophiles commises par des prêtres ?
Je vais certainement vous surprendre, mais je pense qu’il n’y a pas de problème de pédophilie dans l’Église. Il y a, en revanche, un sérieux problème d’hébéphilie homosexuelle. La pédophilie se définit comme l’attirance sexuelle pour les enfants impubères, garçons ou filles. Or, plus de 80 % des agressions sexuelles mettant en cause des membres du clergé concernent des adolescents pubères, de 12 à 18 ans, et presque exclusivement des garçons. Ce sont des mineurs, pas des enfants. On n’ose pas le dire pour ne pas être taxé d’« homophobie », mais le livre de Frédéric Martel en apporte la confirmation. Dans ces conditions, mettre fin au célibat des prêtres ne favoriserait guère que le mariage gay ! Je rappellerai aussi que, contrairement à ce que l’on croit souvent, les prêtres ne prononcent pas de vœu de chasteté. Ce vœu est réservé aux moines, c’est-à-dire aux membres du clergé régulier (par opposition au clergé séculier).
Entretien réalisé par Nicolas Gauthier