Uber über alles !

Entretien avec Jean-Paul Brighelli paru sur le site de la revue Causeur


La revue Eléments mérite vraiment qu’on en parle. Mieux, elle mérite d’être lue, partagée, et relue. Collectionnée peut-être. Alain de Benoist, le philosophe anarchiste, bon bougre et mauvais coucheur, qui veille sur sa destinée et y produit tous les deux mois des éditos vengeurs et des articles ravageurs (et vice versa), a bien voulu répondre à quelques questions à peine orientées, suscitées par le solide dossier du dernier numéro sur l’ubérisation à marches forcées à laquelle on soumet aujourd’hui la société française mondialisée, et qui nous prépare de jolis lendemains qui chanteront faux.

Jean-Paul Brighelli. Voilà que vous détournez le « grand remplacement » ethnique cher à Renaud Camus par un « grand remplacement » économique : l’ubérisation de l’ensemble des sociétés libérales — française, entre autres. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette mutation ?

Alain de Benoist. Le « grand remplacement économique », ce n’est pas tant l’ubérisation que le remplacement de l’homme par la machine, voire par l’intelligence artificielle, à laquelle conduit l’évolution même du travail, évolution dont l’ubérisation ne représente qu’un aspect.

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Et si l’on laissait les Catalans décider par eux-mêmes ?

Entretien accordé à Breizh-Info


Breizh-info.com : Quel est votre point de vue sur le référendum en Catalogne ? Le pouvoir espagnol n’a-t-il pas fait une énorme erreur en refusant l’organisation d’une consultation qui aurait pu tourner en sa faveur s’il n’y avait pas eu ces violences et cette répression ?

Alain de Benoist : Concernant ce qui se passe actuellement en Catalogne, je vois mes amis attachés à une unité « indivisible » des grandes nations historiques s’opposer à mes amis favorables à l’Europe des régions, les uns et les autres réagissant de façon passionnée. « Jacobinisme » contre « balkanisation » ! Du même coup resurgissent les arguments classiques et les questions habituelles : Les Catalans ont-ils le droit d’être indépendants ? Est-il même de leur intérêt de le devenir ? En ont-ils les moyens ? Pourquoi ne se contentent-ils pas d’une autonomie dont ils ont joui au moins jusqu’en 2010 (et dont les peuples minoritaires de France peuvent seulement rêver) ? Les « sécessionnistes » sont-ils des « patriotes », les « terroristes » des « résistants » ? La crise va-t-elle dégénérer en guerre civile ? Chacun a ses raisons, et ce sont en général de bonnes raisons. Le problème, c’est que ces raisons sont inconciliables.

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L’impopularité de Macron ne peut que croître

Entretien accordé à Boulevard Voltaire


« Macron est avant tout un contre-populiste »

Nicolas Gauthier : Il est évidemment un peu tôt pour juger l’action d’Emmanuel Macron. Il semble pourtant déployer un peu plus d’habileté politique que ses deux prédécesseurs. Mais est-ce vraiment un exploit ?

Alain de Benoist : J’avais inventé, il y a quelques années, l’expression de « pensée unique », qui est aujourd’hui reprise partout. Ayant écrit, dès 1977, qu’il fallait penser simultanément ce qu’on avait pensé jusque-là contradictoirement, ce n’est pas moi qui pourrais être choqué par le « en même temps » cher à Macron. Mais encore faut-il savoir ce que recouvre cette expression.

Au lendemain de primaires qui se sont révélées désastreuses à droite comme à gauche, mais qui ont très bien fonctionné comme révélateur de la crise des partis, Macron a été le seul à faire primer la logique électorale sur la logique « identitaire » parce qu’il était le seul à n’être sûr ni de perdre (comme Hamon) ni de gagner (comme Fillon). C’est ce qui lui a permis de l’emporter avec, au premier tour, moins d’un quart des suffrages exprimés. Dans une démocratie devenue liquide, sinon gazeuse, il a su instrumentaliser à son profit l’épuisement du clivage droite-gauche et l’aspiration au « dégagisme » d’un électorat qui ne supportait plus la vieille classe politique. Il a également compris que l’alternance des deux grands partis ne mettait plus en scène que des différences cosmétiques, et que l’heure était venue de les réunir en un seul.

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Nacionalismus: Fenomenologie a kritika

Source : Délský potápěč


American nationalism

Autor: Alain de Benoist

Teorií nacionalismu pravděpodobně existuje přinejmenším tolik jako nacionalistických teorií. Pochopitelně je nemožné zabývat se na tomto místě všemi a nemíníme se zúčastnit prázdného sváření, zda je nacionalismus patologickým zbytněním patriotismu, nebo jestli se naopak jedná o vědomé a důsledné rozpracování jeho doktríny. Řekněme k tomu snad jen tolik, že odhlédneme-li od současných často nesmírně komplexních typologií, 1] lze nacionalismus vymezit v zásadě dvěma základními způsoby.

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Eléments N°168 – En marche vers l’ubérisation

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Pour faire pousser un arbre, il faut des décennies, et seulement dix minutes pour le couper. Pour faire périr une civilisation, il faut un peu plus de temps. Il faut surtout d’autres méthodes. La plus sûre ? Convaincre cette civilisation de se suicider. Concernant l’Europe, certains s’y emploient depuis longtemps, à un rythme toujours accéléré.

Ce sont les « déconstructeurs », c’est-à-dire ceux qui ont entrepris de déconstruire tout ce que cette culture avait bâti. Quand on veut faire une greffe, c’est bien connu, il faut d’abord détruire les défenses immunitaires. Dans le cas d’une culture, cela signifie : saper les bases des certitudes les plus élémentaires, casser la libre expression des instincts naturels, jeter le doute sur ce que l’on croyait assuré ou immuable, convaincre de ne plus voir ce que l’on voit, faire apparaître les anciennes évidences comme autant de conventions dépassées.

L’idéologie du progrès a joué de ce point de vue un rôle essentiel, car elle véhicule avec elle le rejet méprisant du passé : ce qui est d’hier est nécessairement de moindre valeur que ce qui sera demain. Il faut donc donner tort à ceux dont le souvenir fait injure à ce que nous croyons. Comme à l’époque soviétique quand on retouchait les photos officielles, on réécrit les œuvres du passé, on censure Molière et Shakespeare, on change les noms des rues, on déboulonne les statues (Américains) ou on les fait sauter (djihadistes). Lire la suite …

Il populismo e la sua diabolizzazione

Articolo pubblicato a Destra.it


 del 

Nel mese di gennaio dalle pagine del quotidiano El Pais, Papa Bergoglio è riuscito nell’intento di accostare il «populismo» all’ avvento del nazionalsocialismo in Germania, evidenziando il «pericolo della crescita del populismo nel mondo». Non molti anni prima, precisamente dal duemila tredici/duemila quattordici, si intensificarono le bordate contro la Lega Nord di Salvini ed il Movimento 5 Stelle, additati con modalità quasi indistinta, di essere dei serbatoi che alimentano l’odio, utilizzando una comunicazione politica che include dei messaggi xenofobi. Per non parlare delle dichiarazioni del neo-eletto Macron in Francia e dell’ultimatum di Paolo Gentiloni, chissà come mai rivolto proprio a Macron… che dalle pagine de La Stampa in data 30/06/2017, invitava le Président de la République ad accodarsi allo spauracchio imminente: “Aiutateci o vinceranno i populisti”. Insomma, da Berlusconi a Renzi, da Gentiloni a Macron, dalla Merkel a Mariano Rajoy, setacciando l’informazione e i programmi radiofonici e televisivi che non si occupano solo di politica, abbiamo assistito a puntate intere dedicate al tema e ad una “diabolizzazione” senza precedenti; a dire il vero, imbastita in malo modo, facendo confusione e non informazione, mettendo nello stesso pentolone diverse tipologie e realtà politiche, volutamente. Il discredito fa comodo a chi vuol tacciare la dissidenza allo status quo, legittimato da un’alternanza a staffetta del bipolio politico-elettoralistico che non ammette, nessuna possibilità di replica.

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Charles Maurras: Political and Philosophical Heritage

Translation published on geopolitica.ru


The interview with french philosopher and historian of ideas Alain De Benoist about the organizer and principal philosopher of Action Française Charles Maurras.

How did you encounter the work of Maurras?

I became acquainted with the work of Maurras at the start of 1960. I was hardly more than sixteen years old. At this age, one especially draws convictions from one’s curiosities. I firstly discovered the weekly Aspects de la France, which I read regularly for some time. On May 31st1960, I was also present at a meeting at Musée social for Restauration nationale. A few months later, having just started law school, I frequented a circle of Action française that met at the home of the future lawyer Bernard Vincenti. We read pages from Maurras there. There I learned that the founder of Action française had died, on November 16th 1952, in the same clinic of Saint-Symphorien in the suburbs of Tours, where I was born nine years earlier! But I don’t have a very memorable recollection of this epoch. In the following years, I turned towards other horizons.

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Bataille des idées ? La gauche a perdu, mais la droite n’a pas gagné !

Entretien paru sur Boulevard Voltaire


Manuel Valls déclare que « la gauche a perdu la bataille des idées ». C’est une bonne nouvelle ?

Quelle bataille ? Il est vrai que la gauche n’a plus rien à dire, mais la bataille des idées dont parle Manuel Valls n’a jamais eu lieu. Non parce que cette gauche devenue muette reste largement hégémonique dans les médias, et qu’elle n’apprécie pas qu’on cherche à la contredire, mais parce que la droite n’avait ni le désir, ni la volonté, ni les moyens de participer à une bataille de ce genre. La droite n’avait tout simplement rien à dire – ou peu s’en faut. Le domaine des idées n’obéit pas au principe des vases communicants. Vous avez vous-même cité François Huguenin : « La droite a refusé le combat des idées car elle n’en a plus. » C’est ce que Pierre-André Taguieff remarquait lui aussi récemment : « La gauche a perdu la bataille des idées, mais la droite ne l’a pas gagnée. »

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éléments n°167 : La réponse polythéiste

Les mœurs sont la source du lien social. Il y a des mœurs collectives parce que l’homme est fondamentalement fait pour vivre en société, et que ces mœurs consolident le rapport social et permettent de définir le bien commun. Il ne peut y avoir de vie commune que là où il existe des valeurs et des pratiques partagées, valeurs et pratiques qui sont autant de normes constitutives de l’identité collective.

Le peuple ne peut pas être souverain s’il ne forme pas une entité où les gens se connaissent et se reconnaissent, ont confiance les uns dans les autres et tiennent leurs engagements réciproques.

C’est la raison pour laquelle il est illusoire de parler de « vivre ensemble » là où l’on a par avance détruit les conditions de la dépendance mutuelle et du commun. Et c’est aussi pourquoi l’immigration massive à laquelle on assiste dans les pays occidentaux suscite de telles difficultés. Que les membres d’une même société soient d’origine variée n’est pas en soi un problème. Le problème commence dès que les valeurs et les pratiques partagées se heurtent à d’autres valeurs et à d’autres pratiques, qui tentent de s’acclimater sous la forme d’une contre-société étrangère à la culture d’accueil. Le problème de l’immigration n’est en définitive ni un problème de race ni un problème d’origine. C’est un problème de mœurs qui, lorsqu’elles se révèlent inconciliables, créent de ce fait des situations potentiellement polémogènes, car intrinsèquement destructrices du commun.


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Saints et ascètes sont rarement des machiavéliens !

Article paru sur Boulevard Voltaire


Dès son élection, Emmanuel Macron a fait de la « moralisation de la vie politique » son cheval de bataille. Là-dessus, Richard Ferrand et le couple François Bayrou-Marielle de Sarnez ont été obligés de quitter le gouvernement dans les conditions que l’on sait. Vous en pensez quoi ?

Honnêtement, rien du tout. Les histoires d’emplois fictifs, de comptes en Suisse, d’attachés parlementaires, de mutuelles bretonnes et que sais-je encore ne sont là que pour amuser la galerie. Elles ne sont là que pour distraire, au sens pascalien, une opinion publique qui n’est déjà plus depuis longtemps en état de distinguer l’historique de l’anecdotique. Leur seul effet positif est de discréditer toujours un peu plus une classe politique qui a effectivement démérité, mais pour de tout autres raisons. En dehors de cela, elles conduisent à croire que la vie politique doit se dérouler sous l’œil des juges, en même temps qu’elles généralisent l’ère du soupçon au nom d’un idéal de « transparence » proprement totalitaire. Et le mouvement s’accélère : on reprochera bientôt aux ministres de s’être fait offrir des caramels mous et d’avoir oublié de déclarer leur collection de moules à gaufres dans leur déclaration de patrimoine.

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