Hommes / femmes : des écarts de salaire ?

On ne cesse de nous le répéter en boucle : en France, les femmes seraient moins bien payées que les autres. En novembre dernier, Marlène Schiappa assurait qu’à compétences égales, elles sont, en moyenne, payées « de 9 à 27 % de moins » que leurs collègues masculins. Est-ce crédible ?

Pas un instant, et c’est facile à démontrer. Mais parler d’« inégalités de salaires » témoigne d’une façon de voir qui est déjà biaisée. Si l’on compare les salaires d’un homme et d’une femme occupant la même fonction, de même niveau, dans la même entreprise, et au même endroit, on constate que la différence est insignifiante, sinon inexistante. Un chef d’entreprise qui, par « sexisme », voudrait compresser systématiquement les salaires féminins n’aurait, d’ailleurs, aucune possibilité de le faire car la loi l’interdit. C’est aussi le cas aux États-Unis depuis l’adoption, en 1963, de la loi sur l’égalité de rémunération (Equal Pay Act).

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Le catholicisme français a perdu le contact avec les couches populaires

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Qu’on la considère ou non comme la « fille aînée de l’Église », la France a vu son histoire étroitement liée au catholicisme. Certains s’inquiètent aujourd’hui de sa « déchristianisation ». Il est vrai qu’à l’époque du curé d’Ars, d’autres voyaient encore dans notre pays une « terre de mission ». Le fait est, en tout cas, qu’aujourd’hui, les églises se vident et que les vocations se raréfient à un rythme encore jamais vu. Comment l’expliquer ?

Il y a quelques jours, vous citiez vous-même cette phrase de Bernanos : « On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas tout d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. » C’est déjà une partie de la réponse. La modernité est inhospitalière à la transcendance, fût-elle immanente. Elle a consacré la montée d’un individualisme, dont les racines sont à rechercher du côté du nominalisme médiéval et du cartésianisme, qui tend à décourager les affiliations et les projets collectifs. L’anthropologie libérale fait de l’homme un être isolé, légitimé à toujours poursuivre son meilleur intérêt, c’est-à-dire un être égoïste. Sous l’influence de l’idéologie dominante, notre époque favorise le relativisme, l’hédonisme et le matérialisme pratique. Les gens s’habituent à l’idée qu’il n’y a rien au-delà d’eux-mêmes, que rien n’est pire que la mort, que rien ne vaut qu’on sacrifie sa vie pour une foi, une idée ou une conviction. Les Églises en pâtissent, et elles ne sont pas les seules.

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Se prétendre gaulliste n’engage à rien

On commémore, cette année, le 80e anniversaire de l’appel du 18 juin, le 130e anniversaire de la naissance du général de Gaulle et le 50e anniversaire de sa mort. Depuis déjà un certain temps, tous les hommes politiques se disent plus ou moins gaullistes. Est-ce parce que le Général a été notre dernier « grand homme » ?

Alain de Benoist : Je me méfie de la notion de « grand homme », qui n’est pas dépourvue de sens mais qui reste quand même un peu floue. Elle rejoint trop souvent le mythe droitier de « l’homme providentiel » auquel on a régulièrement recours quand on s’imagine qu’en politique, le succès peut tomber du ciel. Il ne faut pas oublier non plus que, si les grands hommes font les grandes époques, ce sont aussi les circonstances exceptionnelles qui font surgir les hommes d’exception. Cela dit, il est bien vrai que la comparaison entre de Gaulle et ceux qui lui ont succédé n’est pas à l’avantage de ces derniers. Pour ne prendre qu’un exemple, quand de Gaulle, en juillet 1959, demande à Michel Debré de créer un ministère des Affaires culturelles pour le confier à André Malraux, on n’est pas dans la même dimension historique que lorsque Macron désigne l’actuel ministre de la Culture, dont j’ai déjà oublié le nom. Inévitablement, quand on parle de De Gaulle, le terme de « grandeur » vient à l’esprit. Nous vivons dans une époque désespérément plate. Le gaullisme, c’était la verticalité. Lui a-t-on assez reproché d’avoir instauré une « monarchie républicaine » !

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Michel Onfray : un esprit libre

Avec le lancement de sa nouvelle revue, Front populaire, le philosophe Michel Onfray semble sortir du bois des idées pour aller se frotter à celui de la politique en relançant l’idée d’une alliance (ou d’une convergence) des souverainistes des deux rives. Que pensez-vous de cette initiative ?

Alain de Benoist : Quand on parle d’un auteur, la moindre des choses est de connaître un peu son œuvre. Au cours de ces dernières années, j’ai dû lire cinq ou six mille pages de Michel Onfray. J’y ai trouvé une approche originale et non conformiste de nombre de problèmes. J’apprécie aussi les billets d’actualité qu’il publie régulièrement sur son site. Onfray est un esprit libre, honnête, qui s’intéresse à une multitude de sujets et qui n’a jamais hésité à se remettre en question. Il a, en outre, une très belle écriture. Le titre de sa revue, Front populaire, ne sera peut-être pas du goût de tout le monde. Moi, il me convient parfaitement, car je crois qu’il correspond à ce dont nous avons le plus besoin : donner de nouveaux moyens d’expression à ceux qui défendent la cause du peuple.

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Confinement : un test de docilité grandeur nature

Aujourd’hui que les choses paraissent en voie d’apaisement, peut-on dire que le gouvernement, même si manifestement pris de court, en a trop fait ou pas assez face à l’épidémie, ou juste fait comme il pouvait ?

Alain de Benoist : Il n’y a pas d’autre mot pour le dire : la réaction des pouvoirs publics face au Covid-19 a été proprement calamiteuse. Cinq mois après le début de l’épidémie, nous n’avons toujours pas atteint la capacité de dépistage que nous aurions dû avoir lorsque les premiers morts sont apparus. Le gouvernement s’est d’abord réfugié dans le déni (ça ne viendra pas chez nous, c’est une grippette), après quoi nous avons assisté à un incessant défilé de cafouillages, de consignes contradictoires et de mensonges d’État. Rien n’avait été prévu, alors que des voix nombreuses s’étaient élevées, ces dernières années, pour laisser prévoir une nouvelle pandémie venue d’Asie. La cause première réside dans l’incapacité des pouvoirs publics à raisonner au-delà du court terme. Mais la cause la plus fondamentale est que, pour se conformer aux règles de l’idéologie libérale, on a voulu soumettre le secteur de la santé publique à des principes de rentabilité, de concurrence et de gestion à flux tendu qui ont entraîné la fermeture de milliers de lits, la destruction de stocks de réserves, la précarisation croissante d’un personnel déjà sous-payé. En d’autres termes, nous avons intégré au système du marché un domaine qui est, par définition, hors marché. Le résultat a été un effondrement généralisé des capacités de l’hôpital public.

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Coronavirus : des conséquences de première grandeur

Entretien à Breizh-Info

Breizh-info.com : Tout d’abord, que vous inspire la direction du gouvernement, qui semble ne pas vraiment savoir où donner de la tête depuis le début de cette pandémie ? Michel Onfray évoque une fin possible de régime en conséquence, y croyez-vous alors que les cotes d’opinion d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe n’ont jamais été aussi hautes ?

Alain de Benoist : Michel Onfray a dit, avec plus de talent que je n’en ai, tout ce qu’il y avait à dire sur la désastreuse gestion de la crise sanitaire actuelle par l’équipe d’Emmanuel Macron. J’avais écrit il y a quelques années que c’est dans le cas d’exception que l’on pourrait prendre la pleine mesure du personnage. On sait maintenant ce qu’il en est. Un homme d’État décide, ordonne, réquisitionne. Macron s’en remet au conseil des « experts » qui, comme d’habitude, ne sont pas d’accord entre eux. Il redécouvre les vertus de la « souveraineté nationale et européenne », mais c’est après avoir multiplié les réformes libérales qui ont favorisé les délocalisations et la dépendance aux importations. Il salue et remercie ceux qui se battent et qui se dévouent, mais nul n’a oublié qu’avant l’arrivée du Covid-19, il s’était refusé à entendre leurs revendications.

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Coronavirus : fermer une frontière ne la rend pas étanche

Le coronavirus continue à contaminer des personnes, notamment en Europe.  L’épidémie touche maintenant une quarantaine de nations. Néanmoins, la nocivité du virus semble devoir être relativisée. Pour évoquer cette épidémie, et ses conséquences, mondiales, le site Breizh-info.com a interrogé Alain de Benoist.

Breizh-info.com : De prime abord, que vous inspire ce coronavirus qui a touché la Chine d’abord, avant d’être détecté dans d’autres pays, et notamment en Europe ?

Alain de Benoist : D’abord, un sentiment de déjà-vu. Des villes entièrement désertées, des avenues où ne circule plus aucune voiture, des populations confinées dans leurs logements, des régions entières mises en quarantaine, on a tous déjà vu ça. Mais c’était dans des films-catastrophes ou des films de science-fiction. Là, ce n’est pas du cinéma. On pouvait se faire une réflexion du même ordre en voyant s’écrouler les tours du World Trade Center. Cette fois, on est dans le réel. Le réel a rattrapé la fiction. Curieux sentiment.

Ce qui frappe aussi, c’est la façon dont ressurgit immédiatement la logique du bouc émissaire. Au Moyen Age, quand il y avait une épidémie, on accusait les Juifs d’avoir empoisonné les puits. Aujourd’hui, des crétins s’en prennent aux restaurants japonais ou aux cars de touristes chinois. Permanence de l’irrationalité des foules.

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Face à l’Iran, les Israéliens seront toujours prêts à mourir jusqu’au dernier Américain

Qassem Soleimani
Qassem Soleimani

Après l’assassinat du général Qassem Soleimani, l’un des personnages-clés les plus populaires de la scène politique iranienne, dans l’une de ces « frappes ciblées » dont les États-Unis ont le secret, beaucoup s’attendaient à une rapide montée aux extrêmes. La riposte iranienne a pourtant été plutôt modérée. Mise en scène ou jeu de dupes ?

Alain de Benoist : L’assassinat du général Soleimani était pourtant un acte de guerre. Et même si les mots ont un sens, un crime de guerre – ce qui ne l’a pas empêché d’être accueilli avec jubilation par Jaïr Bolsonaro et par Matteo Salvini, président du fan-club des supporters italiens de Netanyahou. Ce meurtre, organisé à partir de la base américaine de Ramstein, en Allemagne, grâce à des renseignements fournis par le Mossad à la CIA, est aussi un événement historique, car c’est la première fois que les États-Unis revendiquent ouvertement l’élimination d’un dirigeant de premier plan d’un État souverain avec lequel ils ne sont pas officiellement en guerre. Rien à voir, par conséquent, avec l’élimination de Ben Laden ou d’Abou Bakr al-Baghadi. Pour trouver un précédent, il faut remonter à l’assassinat de l’amiral Isoroku Yamamoto, en avril 1943, mais c’était dans le cadre de la guerre du Pacifique. Depuis, ce sont plutôt les services secrets qui tuent dans l’ombre ceux qu’ils veulent éliminer. Pour en avoir une bonne idée, lisez Lève-toi et tue le premier, le livre que vient de faire paraître Ronen Bergman, journaliste au quotidien israélien Yediot Aharonot, qui dresse une liste de 2.700 assassinats ciblés perpétrés, depuis sa création, par le Mossad (plus que la CIA et le KGB réunis).

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